Association Marocaine des Enseignants de Français

« Le plaisir du texte » avec les Éditions Hatem

« Le plaisir du texte » avec les Éditions Hatem

Redonner ses lettres de noblesse à la lecture.

Nous connaissons très bien d’après les témoignages des grands écrivains, des penseurs, et des philosophes l’importance de la lecture dans la création de leurs œuvres : c’est Jean-Paul Sartre qui divise l’autobiographie de son enfance, les Mots, en deux grandes parties Lire et Écrire. C’est Roland Barthes dans, son Plaisir du texte et sa théorie de l’intertextualité « Tout texte est un intertexte, d’autres textes sont plus ou moins présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables… ». C’est plus récemment l’écrivain Philippe Claudel qui a confirmé, lors d’un webinaire organisé par l’ALEF, l’importance de la lecture que les parents font à leurs enfants dès leur plus jeune âge « Quand on est en âge où l'on ne peut pas lire soi-même un livre, lorsque la voix de l’adulte vous fait découvrir une histoire, lorsque vous ne pouvez regarder que les images et les lettres sur un livre, eh bien! Cette voix prend une importance très grande. Et en plus de vous faire découvrir une histoire, de travailler votre imagination, vous avez ce lien, tout à fait particulier, un lien qui est encore plus fort parce que la lecture vient le coudre, le resserrer … »

Comment ne pas penser redonner ses lettres de noblesse à la lecture, surtout après le confinement et l’enseignement à distance ou l’enseignement hybride qui ont poussé certains établissements à marginaliser la lecture en faveur d’autres matières qu’ils considèrent plus importantes ?

Le webinaire organisé par l’ALEF, sous le haut Patronage du Ministère de la Culture dans le cadre des activités pour le mois de la Francophonie, en partenariat avec l’Ambassade de France et les Éditions Hatem, s’est déroulé hier le 24 mars à 16H 30.

Étaient présents : M. Bernard Hatem, Directeur de la Maison d’édition Hatem, Mme Zeina Mangin-Salibi, la Présidente de l’ALEF Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum et les membres du Bureau Central, Mmes Ilham Slim-Hoteit, Lama Arnaout-Tannir, Faten Kobrosli, Ghiwa Ghanem, Joséphine AKL, Maha Husseini, Nada Sleiman-Mehdi ,Natacha Mneimneh et M. Habib Zorkot, et un grand nombre d’enseignants et de coordinateurs de Français et des Directeurs d’écoles. Comme notre webinaire était ouvert à l’international, nous avons remarqué la présence de M. Hussein Mehio du Kongo et M. Djilali Hassane Daoudji de l’Algérie.

La conférence a débuté par le discours d’accueil de Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum :

« M. Bernard Hatem est le fils de deux êtres exceptionnels.

Son père, Majid Hatem, était un père aimant, toujours présent, un érudit en langue et littérature arabes, un professeur reconnu et respecté. Sa mère, Thérèse Douaihy-Hatem, collègue à l’Université Libanaise et amie très chère, a voué sa vie à sa famille, à l’enseignement de la langue et de la littérature françaises et à la promotion de la francophonie. Ensemble, ils ont fondé les Éditions Hatem qui publie, depuis sa création, des livres de lecture pour la jeunesse en arabe et en français.

Bernard a ainsi grandi dans une famille qui joignait deux langues et deux cultures. Il maîtrise aussi parfaitement l’anglais. Après avoir obtenu un master en affaires internationales et un master en marketing à l’université LAU, il rejoint sa mère qui l’initie aux rouages de l’édition. Il continue aujourd’hui l’œuvre de ses parents et son objectif principal est de raviver « le plaisir du texte » – une expression de Roland Barthes – chez les jeunes.

Deux ans de confinement et de cours en ligne ont émoussé le désir de lire pour le plaisir, tout simplement. Il est nécessaire de les aider à retrouver ce plaisir.

Nous savons que tout écrivain a d’abord été un lecteur assidu. Grâce aux concours organisés par l’ALEF, nous avons découvert des « écrivains en herbe » et nous avons publié les productions des lauréats dans un livre intitulé Florilège. De son côté, M. Bernard Hatem a publié le conte La fée des cèdres écrit par Aya Hoteit, élève du Collège Protestant Français, premier prix du concours « Raconte-moi une histoire ». Il nous a offert gracieusement un nombre important d’exemplaires et nous l’en remercions chaleureusement.

Le jour de la signature des livres francophones par leurs auteurs, le 7 mars 2022, le visage des jeunes lauréats était illuminé de joie et de fierté. Cette activité dans le cadre du mois de la Francophonie était organisée par le Ministère de la Culture à l’initiative de Son Excellence Monsieur le juge Mohamad Wissam Mortada, Ministre de la Culture que nous remercions vivement pour l’intérêt qu’il porte à la jeunesse.

Les Éditions Hatem ont ainsi participé à cette manifestation culturelle et au succès remporté par de jeunes « écrivains en herbe ».

M. Bernard Hatem a ensuite pris la parole « Merci Dr Salloum pour cette introduction chargée d'émotions, vous qui êtes toujours fidèle a la mémoire de votre amie Mme Hatem, fondatrice de notre maison d'édition.

Je tiens aussi à remercier le ministère de la culture pour le patronage de ce webinaire, l’alef pour l’organisation en partenariat avec l’ambassade de France au Liban et tous les participants avec nous dans cette soirée où on va discuter de la littérature de jeunesse et son importance dans l’acquisition de la langue chez les jeunes.

J'aimerais commencer par une citation de Mme Hatem qui dit:

“Chaque nouvelle lecture vous aide à créer, à partager et à réinventer votre imaginaire et le monde autour de vous!”

Aujourd’hui, notre Liban passe par une crise économique et politique qui a touché le sain de notre système éducatif et c’est pour cela que notre rôle comme instituteur, institutrices et éditeurs devient de plus en plus important et vital dans nos communautés et dans notre société.

Et qu'est ce qui est mieux que la lecture pour réformer et reformer nos jeunes générations pour qu’elles puissent réinventer notre pays et le monde autour de nous. En effet, c’est le seul moyen que nous avons entre nos mains, maintenant plus que jamais, qui va nous aider à franchir les obstacles et difficultés que nous sommes en train de rencontrer d’une façon régulière.

De la, l’importance de la lecture et quant on dit lecture, c’est la littérature de Jeunesse qui est le créneau principal des Éditions Hatem ou l’on croit fermement que cette littérature de Jeunesse joue un rôle principal dans l’acquisition de la langue et dans l’enrichissement du lexique linguistique chez les Jeunes. Et c’est pour cela qu’elle est maintenant omniprésente dans les écoles et joue, comme on l’a déjà dit, un rôle très important dans le développement de l’enfant car elle lui permet à la fois de rêver, de se questionner, d’échanger…

La littérature de jeunesse ne cible pas uniquement les jeunes lecteurs mais aussi les adultes vu la richesse des œuvres, la connectivité et la communication qu’elle présente entre les sociétés de différents pays.

Pourquoi la littérature de jeunesse? Pour mille et une raison et peut être plus, mais je vais essayer de les résumer à travers les raisons suivantes:

1. Les livres peuvent nous divertir et nous stimuler. Ils peuvent nous faire rire et pleurer. Ils peuvent nous réconforter et nous montrer de nouvelles possibilités.

2. Les livres nous aident à développer le langage et le vocabulaire. Ils nous apprennent à nous exprimer et à comprendre ce que d’autres disent et écrivent.

3. Les livres stimulent notre imagination et nous entraînent à construire des images intérieures.

4. Les livres peuvent nous éveiller à de nouveaux centres d’intérêt et à de nouveaux sujets de réflexion.

5. Les livres développent notre pensée. Ils nous apportent de nouveaux concepts et de nouvelles idées tout en élargissant notre conscience et notre monde.

6. Les livres nous apportent des connaissances sur d’autres pays et d’autres modes de vie, la nature, la technologie, l’histoire et tout ce qui nous interroge.

7. Les livres développent notre capacité d’empathie. Ils nous donnent l’occasion de nous mettre à la place des autres et de comprendre ce qu’ils ressentent.

8. Les livres nous font réfléchir sur ce qui est bien ou mal, bon ou mauvais.

9. Les livres peuvent donner des explications aux choses et aider à comprendre comment elles fonctionnent.

10. Les livres peuvent montrer qu’il n’y a pas toujours une seule réponse à une question, mais que la plupart des choses peuvent être considérées de différents points de vue.

11. Les livres nous aident à nous comprendre nous-mêmes. Ils renforcent la confiance en soi : nous réalisons que d’autres pensent et sentent comme nous.

12. Les livres nous aident aussi à comprendre que nous sommes tous

différents. Lire des livres écrits par des auteurs d’autres époques et d’autres cultures, découvrir que leurs pensées et leurs sentiments ressemblent aux nôtres, contribue au respect des autres cultures et à combattre les préjugés.

13. Les livres peuvent être une compagnie quand nous sommes seuls. Ils sont faciles à emporter avec soi et peuvent être lus partout.

14. Les livres nous transmettent une partie de notre héritage culturel. Ils nous offrent des expériences partagées de lecture et un socle de référence commun.

15. Un bon livre pour enfants peut être lu à voix haute de sorte que tous les âges en profitent ; il peut être un lien entre les générations.

16. Le livre pour enfants est notre premier contact avec la littérature, un univers inépuisable pour toute la vie. Un premier contact heureux avec le livre est donc vital, en apportant la révélation de ce qu’un bon livre à offrir.

J’ajouterai une dernière raison que j’ai déjà mentionné au début : la lecture est essentielle pour le développement personnel, mais aussi pour le développement de l’entourage des enfants, de leur communauté et de leur pays, alors la lecture joue et jouera un rôle essentiel et critique dans la reconstruction de notre pays !

Pour toutes ces raisons, Les Éditions Hatem sont strictement dans la littérature de jeunesse et on y croit qu’apprendre à lire à partir des albums est une méthode naturelle !

Je laisse maintenant la parole à notre déléguée pédagogique, Mme Zeina Mangin-Salibi qui va nous expliquer l’importance de l’objet livre par rapport au livre numérique et qui va nous donner un aperçu sur notre catalogue.

M. Hatem a passé enfin la parole à Mme Zeina Mangin-Salibi qui a présenté le catalogue de la Maison Hatem en insistant sur la nécessité d’une lecture précoce et son importance dans l’éveil de l’enfant à la lecture et à l’enseignement/l’apprentissage ».

Le débat qui a suivi la présentation était très riche et intéressant.

Dr Faten Kobrosli a insisté dans son intervention sur la lecture plaisir :

« Qu’est-ce que la lecture plaisir ?

Pour moi, la lecture est un éveil de l’âme et du cœur. Une jouissance de la pensée et des sentiments. Elle nous ouvre toutes les portes de la création et nous invite à mieux comprendre et maîtriser le monde au lieu de le fuir. Les albums, les contes, les bandes dessinées et les romans permettent de forger l’esprit critique par la confrontation entre les idées ou les idéologies. Ils nous apportent alors une inspiration nouvelle, une interprétation nouvelle du monde, et probablement une culture plus approfondie. Un livre, c’est un navire dont il faut libérer les amarres, un trésor qu’il faut extraire d’un coffre verrouillé, une baguette magique dont tu es le maître si tu en saisis les mots.

Chaque livre de jeunesse proposé par l’Edition Hatem est accompagné par un livret pédagogique. Le livret pédagogique propose à l’enseignant une démarche pédagogique et des réflexions didactiques. Une panoplie d’idées est pour interroger le texte : la compréhension, l’interprétation, l'appréciation (porter un jugement critique). On y trouve souvent une variété d’exercices composée du plus simple au plus complexe en forme et en contenu respectant ainsi les intelligences multiples. Le lecteur est invité à (cocher, relier, compléter un texte à trous, jouer avec les mots, résumer, dessiner…).

Les livres proposés par l’Edition Hatem respectent les nouveaux programmes libanais et français : les thèmes, les stratégies d’écriture respectent les différentes tranches d’âge et la progression dans un cycle scolaire et entre les cycles. Je les conseille vivement au public.

Comment développer le goût de lire ?

Certes, on ne naît pas lecteur, on le devient. De là découle l'importance de l'intervention de l'adulte dans le développement du goût de lire. Le lecteur de demain sera celui qui aura d'abord été stimulé puis accompagné dans sa rencontre avec la littérature. La famille occupe ici un rôle de premier plan, mais l'école a également son rôle à jouer afin que se développe, de façon durable, le goût de la lecture. La lecture de livres incite l'élève à en lire d'autres du même auteur ou qui explorent le même thème. Elle suscitera le désir d'écrire à l'auteur ou à la manière de l'auteur, elle fera naître le besoin d'échanger avec ses pairs sur la compréhension qu'il a du texte, sur ses goûts en lecture, son appréciation d'une œuvre, etc.

Quelles actions menées en faveur du livre et de la lecture plaisir ?

Le quart d’heure lecture, mis en place dans les écoles, collèges et lycées permet de développer la lecture plaisir à l’école, la médiation du livre et les animations dans la « bibliothèque d’école » et la « bibliothèque du quartier », le dispositif « Un livre pour les vacances », le concours de lecture à voix haute « Les petits champions de la lecture », « Si on lisait à voix haute », le « prix Goncourt » , les enseignants conçoivent des projets pour leurs élèves incluant des visites régulières dans les librairies, des rencontres avec d’autres professionnels du livre (auteurs, scénaristes, graphistes, maquettistes, éditeurs, bibliothécaires, imprimeurs, etc.), mais aussi des projets concrets (élaborer une maquette, une quatrième de couverture, rédiger un coup de cœur…). Au bout de ce parcours, l’autonomie est favorisée : un bon d’achat individuel est remis à chaque élève…etc.

A son tour, Mme Maha Husseini « Je remercie également Mme Zeina Mangin Sali bi pour la présentation très claire du catalogue des Éditions Hatem. Les illustrations des livres proposés sont très agréables et les sujets traités relèvent des centres d’intérêts des apprenants de tous les niveaux scolaires.

Je confirme ses propos sur le rôle des parents pour développer le plaisir de lire chez l’enfant. Je pense que les parents doivent le familiariser dès son plus jeune âge au livre (livre bébé en tissu, livre sensoriel interactif adapté à l’éveil de l’enfant…). Il faut qu’ils donnent le goût de la lecture à leur enfant avant sa scolarisation : lire des albums et des livres avec l’enfant, l’habituer au plaisir d’écouter des contes et des récits en CD audio, à visualiser des albums … L’enfant réalise ces activités avec ses parents avec beaucoup d’intérêt et d’amour. Plus tard, c’est à l’enseignant-e et à l’école de consolider le plaisir de lire chez l’apprenant ».

La séance est clôturée par Mme Ilham Slim-Hoteit qui a remercié les participants et a proposé une rencontre prochaine, sur le thème la lecture à l’ère du numérique ».

Ilham Slim-Hoteit

Secrétaire Générale de l’ALEF

 

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