Association Marocaine des Enseignants de Français

L'Association des professeurs de français de Quito

L'association

1. Entretien avec le président de l'APFQ
2. Un peu d'Histoire...

1. Entretien avec le président de l'APFQ

Monsieur Víctor Hugo ROMERO, Président de l'Association des Professeurs de Français de Quito (APFQ), nous a accordé une interview. Nous le remercions chaleureusement pour ses réponses et pour son aide dans l'élaboration de ce dossier.


Pourriez-vous nous dire quelle est votre principale mission ?
Notre mission principale est de maintenir l´enseignement du FLE en Équateur en veillant à ce que les professeurs soient bien formés et préparés. Pour cela, nous essayons de développer des formations continues pour permettre aux enseignants d'approfondir leur connaissance de la langue française et de la pédagogie.

Quelles actions mettez-vous en place pour vos membres ?
Nous devons soutenir nos collègues professeurs qui font face à de nombreuses difficultés dont un important manque de moyens. Il est en effet compliqué pour certains enseignants d'assurer un cours de langue dans de bonnes conditions car ils ne disposent que de peu d'outils pédagogiques. Nous apportons donc un soutien concret aux enseignants par nos actions et aussi grâce à l'aide des Alliances françaises et des maisons d’édition qui nous donnent du matériel. De plus, nous organisons régulièrement des réunions de travail avec les responsables de l'Ambassade de France et de l'Alliance française, afin de réfléchir aux formations professionnelle et continue que nous pourrions proposer au corps enseignant.

Qui sont vos principaux partenaires ?
Ce sont les professeurs des différentes institutions qui enseignent la langue française en Équateur. Tous les niveaux du système éducatif national sont concernés. L´APFQ offre son appui aux professeurs équatoriens pour l'organisation d'événements importants. Il est important de souligner que notre association est la seule association de professeurs de français encore en activité dans le pays : les autres ont disparu peu à peu. Maintenant, nous essayons de travailler tous ensembles.

Pourriez-vous nous parler des grands chantiers à venir de l'APFQ  ?
Dernièrement, nous avons organisé une formation destinée à préparer des professeurs de français aux épreuves du DELF-DALF et à améliorer la qualité de leur travail. Nous avons sollicité l'aide de l’Alliance française de Quito pour cette formation. Dans les mois à venir, nous devons aussi préparer le prochain Congrès des professeurs de français d'Équateur qui se déroulera en septembre ou en octobre 2012 à l’Université des Amériques UDLA de Quito. De plus, l´APFQ est en train de mettre en place des séminaires avec l´appui de LIBRESA, une entreprise locale qui croit en nous et pour laquelle travaille la fondatrice de l´APFQ, Yolanda Moncayo.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans vos actions ?
Bien qu'il y ait un grand nombre d'étudiants en français dans les établissements privés, dans les lycées et les instituts de formation professionnelle en tourisme, en hôtellerie et en gastronomie ainsi que dans les universités, nous ne bénéficions que de peu de soutien de la part des autorités. En effet, alors que le Président possède une culture francophone, dans les faits il ne favorise pas son développement. Ainsi, nous n'avons ni l'appui du Ministère de l´Éducation nationale, ni celui des responsables des établissements publics du secondaire qui préfèrent l’anglais au français. De plus, au regard des faibles salaires qui sont proposés aux professeurs de français, il est compliqué de mobiliser et de motiver des étudiants pour les amener à suivre un cursus en français dès le secondaire.

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2. Un peu d'Histoire...

L'Équateur faisait partie de l'Empire inca. Conquis par Pizarro en 1532, le pays reste sous la domination espagnole jusqu'en 1809. Cette année-là, un mouvement révolutionnaire obtient la première déclaration d'indépendance de l'Équateur qui rejoint alors la Fédération de Colombie de Bolivar. Mais, le 13 mai 1830, le pays fait sécession et se proclame République indépendante. Au cours du XXe siècle, l'Équateur perd la plus grande partie de son territoire. En effet, les pays voisins - le Brésil en 1904, la Colombie en 1916 et le Pérou en 1942 - annexent les régions frontalières. À ce jour, l’Équateur est l'un des plus petits pays d'Amérique latine.

Les premières élections libres de 1978 ont mis un terme à 10 années de dictature militaire. Cependant, la vie politique  est restée très chaotique. La politique extérieure du pays est tout aussi complexe. En effet, ses relations avec les pays frontaliers sont tendues, particulièrement avec le Pérou. Les deux pays se sont violemment affrontés de 1981 à 1998. L'Équateur a vécu de nombreux coups d'État ce qui a amené les présidents à se succéder sans pouvoir sortir le pays de l'état d'urgence. À ce jour plus de 2/3 de la population équatoriale vit toujours en dessous du seuil de pauvreté.

Bien que les  Amérindiens peuplent ce territoire depuis des millénaires, ils ont longtemps souffert d'un racisme important n'étant pas considérés comme des citoyens à part entière par le pouvoir. En 1990, ils s'engagent dans une lutte pour le respect de leurs droits et de leurs terres. C'est le premier soulèvement national des populations amérindiennes en Équateur. Pour se faire entendre, les douze nations amérindiennes paralysent alors le pays en bloquant les voies de communication terrestre. À cette instabilité sociale et politique s'ajoutent les risques naturels. Ainsi, entre 1990 et 1995, le pays a été victime de plus de 200 catastrophes naturelles dont l'ouragan El Niño.

En 1998, le pays s'est doté d'une nouvelle constitution qui proclame enfin des droits collectifs et définit "l'identité nationale dans la diversité". Cependant, dans les faits, la vie quotidienne des Amérindiens n'a guère changé et des tensions persistent encore à ce jour entre les différents groupes culturels qui composent le pays. En effet, il existe une forte opposition entre la côte et la sierra. Cette opposition se traduit par une importante rivalité entre Guayaquil, la métropole économique du pays, et Quito, la capitale.   

Après la chute du pouvoir de Jamil Mahuad, en 1998, le pays a traversé une période de grande instabilité politique qui s'est terminée en 2006 avec l'arrivée de Rafael Correa au pouvoir. Cependant, le nouveau président doit, tout comme ses prédécesseurs, gérer un pays divisé où règnent les clivages régionaux. Pour mener à bien sa politique, il a choisi de se rapprocher d'Hugo Chavez, président du Vénézuela et d'Evo Morales, président de la Bolivie.

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Environnement linguistique

L'espagnol, langue du colon, est devenu la langue du pays sous le nom de "castillan". Le castillan parlé par 78 % de la population domine le paysage linguistique équatorien. Les langues autochtones ont perdu et continue à perdre du terrain. De nos jours, la plupart des langues amérindiennes sont en voie de disparition ou en danger.

1. La politique linguistique
La politique linguistique du pays est définie par l'article 1 de la constitution de 1998 et l'article 2 de la constitution de 2008. Le premier proclame la multiculturalité et la multiethnicité du pays. Le second établit le castillan comme langue officielle du pays en précisant que le quechua et le shuar sont aussi langues officielles pour les relations culturelles. De plus, l'article précise que "les autres langues sont d'usage officiel pour les peuples indigènes dans les zones où ils habitent."

Bien qu'il n'existe aucune loi linguistique en faveur du castillan, la hiérarchisation des langues induite par la constitution privilégie son développement et son rayonnement. Depuis 2007, le pays s'est doté d'un secrétariat aux peuples, aux mouvements sociaux et à la participation citoyenne. C'est une des premières actions de la politique indigéniste que mène le président Raphaël Correa. Ces avancées sont aussi le résultat des nombreuses actions de la Fondation de confédération des nations indigènes de l'Équateur (la CONAIE) qui n'a de cesse de défendre et de promouvoir les cultures et les langues indigènes. La nouvelle constitution indique que tous les Équatoriens doivent suivre un cursus bilingue dès le primaire afin d'apprendre une langue indigène et le castillan.

Cependant, la pénurie de matériel didactique ainsi que le manque d'enseignants ne permettent pas l'application de ces orientations constitutionnelles. À cela s'ajoute un fort taux d'analphabétisme dans les zones rurales - il y atteint 20 % alors qu'il est de 5 % dans les zones urbaines - ainsi qu'un faible taux de scolarisation des enfants indigènes. De plus, les enfants indigènes sont souvent obligés de quitter l'école après le primaire afin de travailler. Les chiffres parlent d'eux-même : 53 % des enfants indigènes sont scolarisés en primaire, 15 % au secondaire et 1 % au lycée.

2. Les langues vernaculaires
Il existe une dizaine de langues vernaculaires en Équateur, ces langues appartiennent toutes à la famille des langues amérindiennes. Le quechua est la langue amérindienne la plus parlée du pays, avec 3 millions de locuteurs. Cette langue se divise en diverses variétés dialectales intercompréhensibles. On trouve aussi sur le territoire : le shuar (40 000 locuteurs), le chachi (5 000 locuteurs), le colorado (2 000 locuteurs), le maroani (800 locuteurs), le cofàn (780 locuteurs) et enfin le secoya ( 290 locuteurs).

Un poème quetchua Une chanson shuar

Malgré des progrès dans les textes de loi, la situation des populations indigènes reste compliquée. Les enfants amérindiens reçoivent essentiellement un enseignement en castillan contrairement aux dispositions constitutionnelles. Ce n'est pas un bilinguisme de maintien1 mais plutôt un bilinguisme de transition. À ces inégalités linguistiques s'ajoutent celles dues à un accès à l'école plus compliqué pour les populations amérindiennes malgré sa gratuité. Les aides de l'État ne semblent pas répondre aux difficultés auxquelles ces populations sont confrontées.

S'il est certain que le pouvoir équatorien a adopté une politique plus favorable aux populations amérindiennes et reconnaît davantage l'importance de leur patrimoine linguistique, il reste encore un long chemin à parcourir. En effet, les langues vernaculaires restent confinées au domaine privé. Elles ne bénéficient toujours d'aucune réelle visibilité. De plus, dans les années 2 000, les associations ont relayé des plaintes de plusieurs communautés indigènes, victimes de spoliation de leurs terres et de leurs biens matériels. Ces populations restent les premières victimes de la corruption du pays et des intérêts économiques des grandes compagnies.

Un documentaire sur les Chachis Un chanson secoya

3. La langue véhiculaire

Le castillan est la langue véhiculaire du pays. Il occupe pratiquement tout l'espace public. Son statut particulier  dans la constitution et le fait qu'il soit parlé par l'ensemble de l'Amérique du Sud lui assurent une position privilégiée. Bien que les Amérindiens soient très attachés à leur langue maternelle, la grande majorité d'entre eux parlent le castillan au quotidien.

Une chanson en castillan

 
Note
1. Le bilinguisme de maintien est un enseignement qui permet de scolariser les élèves dans leur langue maternelle et dans la langue du pays ou de la région où ils se trouvent. En Équateur, l'enseignement bilingue a pour seul objectif de faciliter l'intégration des élèves au système scolaire. En effet, le volume horaire des cours en langue maternelle diminue peu à peu pour finalement disparaitre au profit de l'enseignement du castillan.
 


Situation du français dans le pays

L'enseignement en Équateur souffre d'une pénurie de manuels scolaires et de matériel didactique, surtout dans les zones rurales. Cela participe du fort taux d'échec des élèves dès le primaire où plus de 73 % des élèves redoublent ou arrêtent leur scolarité. De plus, les difficultés économiques que connaissent la plupart des familles sont un frein au développement de l'éducation. Les familles amérindiennes sont particulièrement concernées par ce problème car leurs enfants sont souvent obligés de travailler pour gagner de l'argent. On estime qu'environ 430 000 enfants travaillent dans le pays. Ce contexte explique que l'enseignement des langues étrangères ne soit pas une priorité.

1.    Enseignement du français

La langue française est présente en Équateur depuis longtemps, mais elle a été détronée par l'anglais au cours du XIX e siècle. Cependant, depuis quelques années, le français semble retrouver un certain dynamisme. En effet, si l'anglais est souvent perçu comme un vecteur d'homogénéisation des cultures et est rattaché aux valeurs défendues par les États-Unis, l'ouverture vers les langues autochtones et vers d'autres langues étrangères, comme le français, apparait  comme un moyen de résistance à cette homogénéisation.  La langue française bénéficie ainsi d'une plus-value liée aux valeurs qu'elle véhicule ainsi qu'au développement économique de la France et du Québec. Selon les régions, le français est actuellement la 2e ou la 3e langue étrangère apprise.

Bien que la constitution stipule que l'enseignement doit être bilingue (langues indigènes et castillan) dès le primaire, force est de constater que dans les faits l'enseignement est essentiellement dispensé en castillan. L'introduction d'une langue étrangère se faisant seulement au secondaire, seule une minorité d'Équatoriens en bénéficient car la plupart des élèves quittent le système scolaire au primaire.

Le Lycée français La Condamine de Quito, qui a ouvert ses portes en 1967, accueille 1100 élèves dont 810 Équatoriens.  Les 5 alliances françaises du pays proposent des cours de français et des préparations aux DELF, au DALF et au TCF. Une cinquantaine de professeurs y enseignent le français à 7 200 étudiants.

2.    La présence francophone

L'Équateur et la France ont développé une riche coopération ces dernières années dans le secteur de l'éducation. Ainsi, l'Ambassade française et le Secrétariat des sciences et des technologies équatoriens, co-financent des bourses destinées aux étudiants du troisième cycle dont l'objectif est de permettre aux étudiants de bénéficier d'une formation dans les deux pays. Ces bourses sont attribuées à certains domaines d'étude, comme l'ingénierie, la médecine, les sciences de la terre, etc. Ces domaines sont choisis en lien avec les priorités socio-économiques du pays. Des accords de coopération bilatéraux permettent à des universités françaises et équatoriennes de développer des programmes d'échange d'étudiants et de professeurs ainsi que de travailler autour de l'élaboration de cursus communs tels que les formations bi-diplômantes ou les licences délocalisées. La présence d'espace Campus France à Quito, Gayaquil et Cuenca, permet d'informer les étudiants sur les universités françaises ainsi que sur les différents programmes dont ils peuvent bénéficier. Ils assurent la promotion de l'enseignement supérieur français dans le pays.

Les Alliances françaises organisent des manifestations culturelles qui favorisent la visibilité de la langue française et de la culture francophone. En 2011, dans le cadre de la Semaine de la francophonie, l'Alliance française de Quito a proposé des activités en partenariat avec les ambassades du Canada, de France et de Suisse, ainsi qu'avec le consulat du Liban. Le thème de la solidarité, proposé par l'Organisation internationale de la Francophonie, a motivé l'organisation de collectes de fonds et de vêtements tout au long de la semaine qui s'est clôturée par le don de biens et d'argent à la Croix-Rouge en Haïti. Cette manifestation illustre le dynamisme de la présence francophone en Équateur.

Afin de soutenir l'éducation du pays, les Antilles françaises et le Québec participent à des actions de formation des enseignants de français via leurs institutions. Certaines associations, comme le YMCA québécois, réalisent des projets à destination de la jeunesse équatorienne.
 

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Environnement culturel

Sommaire

1. Des sites classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO
2. Fêtes et traditions
3. Cuisine
4. Artisanat
5. Architecture
6. Musique
7. Littérature
8. Peinture


1. Des sites classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO

L'ile de Santa Cruz dans l'archipel des Galapagos Le parc national de Sangay La ville de Quito

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2.    Fêtes et traditions

Avant la conquête espagnole, les fêtes étaient organisées en fonction du cycle solaire et du calendrier agricole. Puis, les fêtes catholiques se sont ajoutées à ces traditions. De nos jours, les festivités équatoriennes sont le fruit de la rencontre entre les traditions indiennes et les traditions catholiques espagnoles.

La Fête nationale de la bataille de Pichincha

Le 24 mai, l'Équateur célèbre l’anniversaire de son indépendance. Ce jour-là, des parades et des activités culturelles sont organisées en commémoration de la victoire équatorienne contre les Espagnols, lors de la bataille le 24 mai 1822. Ils rendent aussi hommage au général Sucre qui a dirigé les combats. Au lendemain de cette victoire, l'Audiencia Real de Quito s'est unie au Venezuela, au Panamá et à la Colombie pour former la République de la Grande-Colombie.


Le carnaval

Le carnaval est une des traditions les plus importantes. Lors de ces défilés déguisés, les Équatoriens dansent, chantent et se jettent des ballons emplis d'eau. À Quito, cette célébration s'accompagne de la fanasca, une soupe sans viande, composée de 12 ingrédients qui symbolisent les 12 apôtres. La date du carnaval est fixée à partir du calendrier religieux catholique et varie selon les années.
 

Découvrez les fêtes d'Ambato et de Guaranda

Le jour des morts

Le 2 mars, les Indiens commémorent le jour des morts. Selon leurs croyances, ce jour-là, un mort de la famille vient rendre visite aux vivants de la famille. Ces derniers doivent le nourrir afin que l'esprit puisse continuer son voyage vers la réincarnation. Pour l'aider, les Indiens préparent des plats cuisinés et des figurines en pâte à painI Ils les déposent ensuite sur la tombe de l'esprit qui leur rend visite. Cette fête est célébrée dans d'autres pays d'Amérique Centrale et au Mexique.



La magie

En Équateur, la magie fait partie du quotidien. Dans les zones rurales, on fait plus facilement appel à un guérisseur, qu'à un docteur. Il existe de nombreuses traditions nées de la superstition. Par exemple, lorsqu'on passe un col, il faut jeter une pierre blanche pour se protéger.
Pour protéger les habitations, il existe de nombreuses traditions, perpétuées à ce jour, telles qu'un fœtus de lama placé sous ses fondations ou une croix accrochée sur le toit.

 

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3. La cuisine

La nature offre une grande variété de fruits et de légumes en Équateur. On retrouve cette variété dans les assiettes du pays. En effet, la cuisine est basée sur des aliments frais accompagnés de riz et/ou de pommes de terre. Ainsi, les galettes de pommes de terre écrasées avec du fromage, les llapingachos, sont un des plats traditionnels. La cuisine équatorienne comprend aussi un grand nombre de recettes de soupes dont la plupart sont composées de céréales et de tubercules.
Les repas en Équateur sont toujours accompagné d’aji, condiment qui se présente sous la forme d’une purée et qui est composé de piments frais, d’oignons et de coriandre.

Cependant, s'il existe des traditions culinaires nationales, la plupart des spécialités culinaires sont régionales. À l'intérieur des terres, dans la Sierra, on mange essentiellement des plats à base de maïs, de pommes de terre. Les  jours de fête, ces plats sont servis avec de la viande. Certaines recettes de cuisine trouvent leur origine dans la culture inca. C'est le cas du Cuy (cochon d'Inde) qui est mangé grillé ou fumé. La région côtière offre, elle, des recettes basées sur les produits de la mer, telle que le céviche. Le céviche (voir photo ci-dessus) est préparé avec des poissons et des fruits de mer marinés dans un mélange de jus de citron vert et d'oignons.

La boisson la plus répandue en Équateur est la bière, cerveza, souvent considérée comme la boisson alcoolisée nationale. Les deux bières équatoriennes les plus appréciées sont la "Pilsener" et la "Club". La chicha est l'autre boisson qui occupe une place importante dans la tradition équatorienne. Elle est bue par les Indiens. Cette boisson, consommée par les enfants et les adultes, peut être alcoolisée.  Pour la fabriquer, les Indiens écrasent des racines et du manioc au pilon qu'ils laissent fermenter plus ou moins longtemps. La fermentation est parfois obtenue grâce à la salive d’une femme (chicha masticada).

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4. Artisanat

Le Panama

Malgré son nom, le Panama est un chapeau originaire d'Équateur. En effet, il a été importé par les ouvriers équatoriens lors de la construction du canal de Panama. Ce chapeau est fabriqué à partir de la fibre des feuilles de la Paja Toquilla,  une plante exotique dont les feuilles ressemblent à celles d'un petit palmier. Il est fabriqué dans la région côtière de Santi-Cristi.

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L'alpaga
L'alpaga est le nom d'une laine et le nom d'un animal. Souvent apparenté au lama, l'alpaga appartient à la famille des petits camélidés. Il vit dans les hauts plateaux andins. La laine d'alpaga est connue pour être la laine la plus chaude au monde. Considérée comme une matière noble, elle ne se trouve plus aussi facilement et coûte très cher.

Le tricot d'alpaga en images


La tagua ou l'ivoire végétale
L'ivoire végétal est fabriqué à partir de l'albumen du fruit d'un palmier (espèce des Phytelephas). Ce palmier pousse dans la forêt amazonienne en Équateur et dans les autres pays voisins de la zone amazonienne. Ils donnent des fruits, les caryopses, qui contiennent un lait sucré très apprécié des Indiens. Lorsque le fruit est mûr, il se durcit. L'albumen peut alors être utilisé pour fabriquer l'ivoire végétal. Un arbre produit en moyenne 20 kilos d'ivoire végétal par an.
Les Indiens utilisent aussi les feuilles de ces palmiers pour couvrir leur hutte et ils consomment le bourgeon terminal.

La fabrication de l'ivoire végétale


La céramique
La céramique est une des plus anciennes traditions artisanales du pays. Des vestiges de statuettes et d'objets en céramique, datés de 3 500 ans avant notre ère, ont été retrouvés sur le territoire équatorien le long de la côte. Ces objets proviennent des colonies de Valdivia créées par des peuples de pêcheurs cueilleurs et de semi-agriculteurs le long des zones côtières. La culture de Valdivia est un des berceaux de la céramique ; elle est reconnue pour la beauté de ses figurines féminines moulées qui étaient sûrement liées à un culte de la fécondité.

De nos jours, la céramique est un art toujours très répandu dans le pays. Chaque région crée des poteries aux décorations particulières. Certains potiers s'inspirent des poteries de style précolombien ; d'autres, comme les potiers de Quito, proposent une approche plus contemporaine.

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La poterie équatorienne en images

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5. Architecture

Les plus anciens vestiges retrouvés à ce jour en Équateur remontent à la période inca. Ces vestiges des colonies de Valdivia (photo ci-contre) datent de 3500 avant notre ère et ont été découverts dans la province du Guayas. Les archéologues ont mis à jour d'autres sites le long de la côte et dans la sierra équatorienne. Ces sites datent pour la plupart des deux derniers millénaires. Malgré de nombreuses découvertes, les civilisations qui ont fondé ces édifices restent mystérieuses à ce jour.

L'architecture inca a donné naissance à de grandioses constructions dont le site de Valdivia. Les Incas étaient d'excellents architectes. Ils avaient ainsi trouvé comment construire des édifices qui pouvaient résister aux fréquents tremblements de terre qui secouent le sol du pays : les fenêtres et les portes avaient une forme trapézoïdale. Ils utilisaient de grandes pierres polygonales qui s'emboitaient les unes et aux autres et garantissaient ainsi l'équilibre de l'édifice. Si les constructions incas utilisent des styles architecturaux variés, selon les régions, la plupart des bâtiments sont en pierre.  
À partir du XVIe siècle, l'architecture équatorienne est influencée par l'architecture espagnole. Mais, les colons ont souvent utilisé les fondations des constructions incas pour ériger leur propres constructions. Ils avaient en effet constaté la résistance de ces fondations lors des tremblements de terre. Les premiers batiments sont réalisés par les jésuites avec la construction de trois collèges - à Quito en 1586, à Cuenca en 1638 et à Riobamba en 1689 –  puis de l'Université Saint-Grégoire à Quito.

L'église de la compagnie de Jésus à Quito


Tout au long du XVIIe siècle, la ville de Quito voit fleurir de nombreuses églises et chapelles de style baroque ainsi que des constructions de style colonial. L'UNESCO a d'ailleurs classé le centre historique de Quito, au patrimoine de l'humanité, en raison de la richesse de son architecture coloniale.

L'architecture qui s'est développée en Équateur est empreinte des cultures indienne, espagnole, créole et africaine.

 

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6. Musique

La musique traditionnelle

La musique traditionnelle équatorienne trouve son origine dans les cultures précolombiennes : celles des Incas et des Quetchuas, entre autres.  Selon les régions, les instruments étaient fabriqués avec différents matériaux : du bois, des coquillages, des os, ou encore de l'argile. Ces instruments se divisaient essentiellement en deux grands groupes : les instruments à vents et les percussions. Les sons produits par ces instruments se rapprochent de ceux produits par la nature : vent, cris d'animaux, pluie, etc.

La musique traditionnelle a longtemps eu une fonction sacrée : elle était jouée lors des cérémonies religieuses. Ainsi, les chants accompagnaient la pratique du chamanisme et aidaient le chaman à diagnostiquer la maladie du patient et à communiquer avec les esprits.
De nos jours, la musique occupe toujours une place capitale dans la culture des communautés amérindiennes en Équateur et dans les pays limitrophes.

Photo : Instruments d'Equateur, Museo del Banco Central à Cuenca

Écoutez des instruments traditionnels incas


Quelques instruments

Les quenas

 

Les quenas, des flûtes qui remontent à plus de 2 000 ans, ont longtemps été jouées lors des cérémonies pour les récoltes. Seuls les hommes avaient le droit d'en jouer. Les premières quenas étaient en roseau, en bois,  en pierre ou en terre cuite. Aujourd'hui, elles sont en bois, en métal, voire en plastique.

 

La charrasca

La charrasca, une variation du güiro, est une percussion idiophone. Cet instrument est très répandu dans les musiques afro-caribéennes sous différentes formes. Ainsi, le corps de la charrasca est en métal alors que celui du güiro est fabriqué à partir d'une calebasse ou d'un morceau de bois évidé. À la place des rainures transversales creusées sur la surface extérieure du güiro, la charrasca a une surface percée. Le musicien crée des sons différents en variant la pression et la rapidité du mouvement sur les rainures à l'aide d'un grattoir.

La flûte de pan

La flûte de pan est composée de plusieurs tiges creuses de roseaux. Les différences de largeur et de la longueur des tiges des roseaux permettent à cet instrument de produire une multitude de sons.
 

Découvrez Tsunky Shuar, un groupe de musique traditionnelle équatorienne Écoutez un morceau de flûte pan


La musique contemporaine
La musique est très répandue dans la société équatorienne ; elle accompagne le quotidien. Il existe de nombreux musiciens de rue. Selon les régions équatoriennes, les influences changent. Ainsi, sur la côte, la musique équatorienne est influencée par la musique créole alors que dans la province d'Esmeraldas, c'est la musique afro-équatorienne qui est particulièrement présente. Avec la colonisation et l'arrivée de la culture hispanique, de nouveaux instruments sont apparus comme la guitare, la harpe, la mandoline et le violon. Ces instruments ont favorisé l'apparition de nouveaux styles musicaux. Les musiques les plus connues, à ce jour, sont le sanjuanito, le pasillo, la musique afro-équatorienne et les chanson de variétés comme celles d'Angel Guaraca.

Écoutez un morceau de musique afro-équatorienne

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7. Littérature

La littérature équatorienne semble être apparue avec l'arrivée des colons dans les Andes. En effet, les populations autochtones avaient une tradition orale. Certains textes datant de l'époque pré-hispanique ont été découverts mais ils suscitent de nombreux débats quant à leur authenticité.
De ce fait, il est admis que les premiers textes de la littérature équatorienne remontent  au XVIIe siècle et ont été écrits par des hispanophones. Ces textes sont des chroniques sur le quotidien des colonies en Équateur. En effet, à cette époque la couronne d'Espagne encourageait le développement d'une littérature historique dans le but de glorifier ses expéditions et la colonisation de nouveaux territoires.
Cependant, ces écrits deviennent parfois de véritables diatribes contre les pratiques coloniales : la littérature est alors un des rares moyens de dénoncer les inégalités sociales et les maltraitances dont les peuples indigènes sont victimes. Ainsi en 1615, Felipe Guaman Poma de Alaya (voir illustration ci-contre : autoportrait de l'auteur), un métis péruvien, raconte, dans El Primer Nueva Corónica y Buen Gobieno, le quotidien des aborigènes du royaume de Quito qui correspond au territoire actuel de l'Équateur. Cette fresque historique ne propose pas une description glorifiante de la colonisation hispanique, mais dénonce, à contrario, les violences et les abus infligés aux populations indigènes.

Lisez les chroniques de Felipe Huaman Poma de Alaya en castillan

La littérature équatorienne continue à donner naissance à des œuvres engagées marquées par une prose combattante au fil des siècles.
Lorsque les Indiens et les Métis se voient "incorporés" aux sociétés civiles d'Équateur, de Bolivie et du Pérou comme des êtres inférieurs, de nombreux écrivains s'engagent pour la défense de leurs droits. Montalvo Juan, considéré comme un des pères de la littérature équatorienne, est l'un de ceux qui dénoncent cette situation. Auteur de Los Siete Tratados, il est amené à s'exiler pour fuir la répression du pouvoir équatorien. Il trouve d'abord refuge en Europe avant de partir au Panama, en Colombie et enfin au Pérou. Il décède loin de son pays, à Paris, en 1891. La capitale française s'enorgueillit d'ailleurs d'une statue à sa mémoire.
Au début du XXe siècle, une autre grande figure de la littérature équatorienne, Jorge Icazara, fait ses premiers pas dans le monde littéraire équatorien, avec deux pièces de théâtre : El Intruso et El Comedia sin nombre. L'auteur rencontre le grand public en 1937 avec son livre Hasipungo. Ce texte, traduit en 14 langues, raconte les conséquences de l'exploitation du pétrole sur les populations équatoriennes en exposant les souffrances des classes laborieuses et des populations indigènes. Il provoque une importante controverse dans le pays. Malgré les vives réactions que ces textes entrainent, l'auteur continue à placer les difficultés sociales et les tensions interculturelles de la société équatorienne au cœur de ses écrits.

La poésie équatorienne donne naissance à de grands noms de la poésie internationalement reconnus. Parmi eux, Jorge Carrera Andrade, diplomate de profession, offre au lecteur une prose unique. La plupart de ses poèmes sont traduits en français, en anglais et en italien. Auteur de nombreux ouvrages dont El Estanque inefable (1922), La Guirnalda del silencio (1926), Familia de la noche (1953), Hombre planetario (1963) et Libro del destierro (1970), ce poète s'est aussi consacré à promouvoir les œuvres d'autres poètes. Ainsi, il publie en 1951 une anthologie de la poésie française, Poesia francesa contemporánea, dans laquelle il présente les poèmes de 55 poètes français traduits en castillan par ses soins. Il reçoit le Prix littéraire de l’ile Saint-Louis pour ce livre, ainsi que le Grand Prix international de la Société des poètes français pour l'ensemble de son œuvre. Deux autres grands poètes font briller la poésie équatorienne : Gonzalo Escudero et Alfredo Gangolena. Ces deux poètes, nés à Quito comme Andrade, marchent dans ses pas à la recherche de la poésie pure.

Écoutez Segunda vida de mi madre de Jorge Carrera Andrade

 

Il y a pléthore d'écrivains équatoriens talentueux, dont les œuvres sont souvent traduites en français, comme :  Eugenio Espejo, Telmo Herrera, Maria Fernanda Espinosa, Jorge Enrique Adoum, Violeta Luna, Ana Cecilia Blum, etc.
Ces dernières années, la littérature équatorienne reste prolifique avec des écrivains tels qu'Alfredo Noriega, auteur de Desasitios, De que nada se sabe, 9 mm parabellum, Tan sólo morir et Ramiro Oviedo Valdivieso, auteur de Serpencicleta, Los Poemas del Coronel, Los Poemas del Coronel, Escaner, La Ruta de Piscis, Boca a Boca.

 

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8. Peinture

Les grandes fresques murales réalisées par les civilisations incas sont les premières œuvres picturales équatoriennes. Les populations indigènes utilisent la peinture depuis des millénaires pour décorer les tambours et les masques utilisés lors des cérémonies religieuses et des fêtes. À l'arrivée des colons, la peinture prend de nouvelles formes avec les décorations des édifices religieux et les fresques murales où se rencontrent les cultures andine et hispanique.
Au XXe siècle, les populations indigènes perpétuent l'expression picturale inca. Elles réalisent la plupart de leurs œuvres sur du bois. À partir des années 70, les artistes de la ville de Tigua, berceau de la peinture naïve andine, commencent à peindre sur des peaux de mouton. La taille de ces supports les oblige à apprendre à dessiner sur de petites surfaces ce qui deviendra une caractéristique de leurs œuvres. Si le support change, les artistes continuent à représenter les légendes et les croyances des populations indigènes, ainsi que la vie quotidienne dans les montagnes andines. D'un style pictural figuratif, ces peintures sont célèbres pour la vivacité de leurs couleurs.

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Au XXe siècle, la peinture équatorienne commence à exister indépendamment des influences de l'école dite de Quito. L'école de Quito était caractérisée par la rencontre des styles picturaux des cultures andines et européennes. Le mouvement indigéniste s'annonce avec les premières œuvres d'Edouardo Kingman. Les artistes de ce mouvement expriment la colère et la révolte des opprimés de la société équatorienne. Endava Crow, Camilo Egas et Manuel Rendon rejoignent cette forme d'expression picturale. Un des plus grands noms de ce mouvement est Oswaldo Guayasamin, considéré comme un génie de la peinture contemporaine équatorienne. Il réalise des centaines d'œuvres dont le style est fortement influencé par le cubisme. Au début de sa carrière, ce peintre, enfant d'un couple mixte, traite essentiellement des souffrances des peuples indigènes et des injustices dont ils sont victimes, ainsi que des questions d'identité. De 1962 à 1971, après avoir voyagé dans de nombreux pays, il réalise une série de tableaux sur les malheurs de l'Homme. Son tableau Espera, qui parle des camps de concentration et d'Hiroshima et celui sur le bombardement d'Hiroshima, font partie des 250 toiles qu'il réalisera durant cette période et qu'il offrira à son pays. Ses toiles sont aujourd'hui exposées à Quito dans le musée qu'il a lui-même construit et qui porte son nom. En 1998, il a créé une médaille pour un prix de l'UNESCO qui récompense les plus grands artistes mondiaux. Le peintre a toujours entretenu des relations privilégiées avec l'UNESCO dont une de ses fresques orne la salle du Conseil exécutif. Il disait : "J'ai peint pendant un demi-siècle comme si je pleurais de désespoir."

En 1995, le Centre d'art contemporain de Quito, Fundación centro ecuatoriano de arte contemporáneo, a ouvert ses portes ; son objectif est d'assurer la promotion et de soutenir la création artistique équatorienne contemporaine.
 

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